Here we go! Nouveau fil #GrammaireAnglaise après une longue interruption.
Aujourd’hui, une structure assez peu étudiée et souvent passée à la trappe par les manuels au-delà de la simple mention de son existence : les syntagmes binominaux “N1 of a N2”.
Un seul exemple dans C&H, ‘one heck of a plan’…
C’est pourtant une structure courante et productive, c’est-à-dire qu’à côté de locutions figées (notamment avec ‘hell’ ou ‘heck’), on observe beaucoup de créativité — j’aurai donc recours aussi à des exemples issus d’autres corpus.
Notons d’emblée que ‘heck’ est une euphémisation de ‘hell’, et que cet emploi de ‘hell/heck‘ peut être orienté négativement (‘I had a hell of a day — I’m exhausted‘) ou positivement (‘She’s a hell of a driver‘).
Ici c’est nettement l’orientation positive qui est en jeu.
Première observation, la relation N1/N2 n’est pas celle que l’on retrouve généralement dans les structures prépositionnelles N1 OF N2.
En effet, ces dernières sont le plus souvent paraphrasables à l’aide d’un verbe HAVE (‘the edge of the spoon‘ → ‘the spoon has an edge‘) ou ont une interprétation partitive (‘a piece of (the) pie‘).
Dans le cas qui nous occupe, c’est le verbe BE qui sert à la paraphrase : ‘I had a hell of a day‘ → ‘my day was hell‘.
On fait le même constat dans les expressions moins figées, comme ci-dessous : ‘the moon was a wafer‘ (F. S. Fitzgerald, The Great Gatsby).
Au lieu d’une relation de localisation classique, on a donc affaire à quelque chose qui relève davantage de l’identification.
Ce qui nous amène à notre deuxième observation, sémantique celle-ci : ce sont la plupart du temps des expressions métaphoriques. Ainsi, dans l’exemple ci-dessus, la lune est comparée à une hostie.
Autrement dit, le N1 (‘wafer’, ‘heck’) fournit le domaine source d’une métaphore dont le N2 (‘plan’, ‘moon’) exprime le domaine cible (termes empruntés à la linguistique cognitive).
Sémantiquement toujours, ce que le N1 apporte au N2 est de l’ordre de la propriété. On peut en effet le remplacer par un adjectif de sens équivalent : ‘a hellish day‘, ‘an impressive plan‘, ‘a wafer-like moon‘.
Ce qui nous amène à son tour (tout se tient !) à notre troisième série d’observations, syntaxiques celles-là. En premier lieu, le constat que la tête de ces syntagmes binominaux est N2 et non N1 — ce qui les distingue radicalement des structures N1 OF N2 habituelles.
Pour faire simple et efficace, ‘the handle of the pan is a handle‘, tandis que ‘one heck of a plan is a plan‘.
La question des déterminants est centrale aussi : alors que seul l’article indéfini A(N) est admis devant N2, on observe une grande variété de déterminants devant N1 (articles, démonstratifs, possessifs notamment). Et cette diversité débouche sur un constat étonnant…
Le déterminant qui précède N1 porte en réalité sur N2 !
Dans l’exemple ci-dessous (F. S. Fitzgerald, Tender is the Night), c’est bien ‘the hotel and its beach‘ qu’il faut comprendre…
Mais alors quelle est la portée de l’article indéfini ?
L’hypothèse en vigueur est que la séquence ‘N1 OF A’ forme un bloc insécable comparable dans son fonctionnement syntaxique à un adjectif — certains voient en la graphie ‘helluva’ un indice de cela.
On pourrait poursuivre le raisonnement alors sur la non-référentialité de N1, mais cela nous entraînerait assez loin. Je consacrerai un autre fil à ce sujet ! 🤞
Quelques sources pour en savoir plus :
1) L’article de Bas Aarts, ‘Binominal Noun Phrases in English’ (1998)
researchgate.net/profile/Bas-Aa…
2) L’article d’Anastasia Khudyakova, ‘Metaphors Following the Model ‘N of a N’’ (2007)
citeseerx.ist.psu.edu/document?repid…
3) Pour élargir le champ, l’article de Joasha Boutault et Jeanne Vigneron-Bosbach sur la traduction anglais-français de ces structures (2019)
hal.science/hal-02463868v1…
C’est tout pour ce fil !
Comme d’habitude, questions, réactions, retweets et likes sont les bienvenus !
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