Deuxième thread #GrammaireAnglaise ! Aujourd’hui, un usage méconnu et très peu traité du modal MAY : l’emploi optatif.
A l’origine, l’optatif est un mode du sanskrit et du grec ancien, qui correspond peu ou prou à l’expression du souhait. Ce mode n’existe pas en tant que tel en anglais ni en français, mais on retrouve des structures qui en rappellent le sémantisme.
En anglais, ces structures mettent en jeu l’auxiliaire de modalité MAY.
On y retrouve l’équipossibilité qui est la valeur fondamentale de MAY : l’événement souhaité est susceptible de se réaliser comme il est susceptible de ne pas se réaliser.
Comme toujours cependant, c’est une équipossibilité de façade car la valeur positive est bien entendu privilégiée par l’énonciateur.
Plus précisément, MAY exprime une possibilité matérielle : ce sont les circonstances qui sont vues permettre la réalisation du procès visé.
C’est un emploi radical du modal, car il a la valeur illocutoire* d’une prière par laquelle l’énonciateur cherche à faire advenir un événement ; on y retrouve une valeur de visée.
*La valeur illocutoire correspond à l’acte qui est réalisé à travers le recours au langage.
MAY radical est déontique : l’avènement de la situation souhaitée ne dépend pas de l’agent de l’énoncé mais d’une instance extérieure. L’agent, d’autant plus lorsqu’il est non-humain (“his wisdom“), est donc dépossédé de sa responsabilité dans la réalisation du procès…
Dans un énoncé modalisé classique en MAY, cette instance extérieure est l’énonciateur : ci-dessous c’est le principal Mr Spittle qui donne à Calvin la possibilité de rejoindre sa salle de classe.
Dans un énoncé interrogatif en MAY, cette instance extérieure est le co-énonciateur (la personne à qui s’adresse l’énonciateur) : ci-dessous Calvin s’en remet à la maîtresse Miss Wormwood pour obtenir la possibilité de quitter la classe.
Nous faisons l’hypothèse que l’inversion auxiliaire/sujet dans la phrase optative obéit à la même logique que dans la phrase interrogative : dans la prière en effet, ni l’agent de l’énoncé ni l’énonciateur se sont en charge de faire advenir l’événement souhaité…
Au contraire, la possibilité matérielle découle d’une instance supérieure, de statut divin, par le truchement de laquelle l’énonciateur espère déclencher l’événement.
Pour en savoir plus, l’article très complet de Grégory Furmaniak, « Le modal MAY dans les phrases optatives », Anglophonia 18/2005, pp. 103-136.
(Contrairement à nous, G. Furmaniak élabore une hypothèse syntaxique pour rendre compte de l’inversion AUX/S.)
C’est tout pour aujourd’hui ! J’espère que ce fil vous a plu, n’hésitez pas à commenter ! 😀
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